Roman Berdimuhamedow
@ Nath
Date d'inscription : 16/06/2024
Roman Berdimuhamedow
taking a closer look
Puis il y a le Roman de l’Amérique, plus sauvage.
Un être qui désire la liberté, la colombe sur son épaule en marque de feu pour se le rappeler. Il peine à supporter l’autorité, lui rappelant amèrement sa figure paternelle devenue une véritable phobie. S’il tente bien que mal de se montrer patient, il lui est compliqué de demeurer impassible face au monde entier qui le déteste. Il insulte, vocifère, manque parfois d’user de violence, mais se retient toujours à temps. Il le sait qu’il s’enfonce, à réagir de la sorte, cela dit, il n’a pas envie de se mettre à genoux pour autrui. C’est aussi pour ça qu’il ne supporte pas l’injustice, prêt à tout pour la contrer, même au pire s’il le faut.
La pénombre l’enveloppe depuis maintenant une semaine. Non. Deux semaines ? Peut-être plus. Il a perdu la notion du temps depuis qu’on l’a enfermé ici. Pas de fenêtres. Rien qu’une porte en métal sur laquelle il s’est déjà longuement acharné, les phalanges à présent rougies par l’effort. Roman s’est laissé tomber sur le sol froid en béton, les mains frottant les bras dans l’espoir vain de se réchauffer. Les joues sont rouges, tant par l’humidité glaciale que par les sanglots. Il déteste être ici. Il déteste quand la porte s’ouvre qu’un bref moment, pour tendre le plateau de nourriture, et qu’il parvient à entendre le chant d’oiseaux ; pendant que lui peine à entrouvrir les lèvres, ne serait-ce que pour remercier le garde. Il n’a jamais cessé de trembler. De crier sa rage, jusqu’à ce que sa gorge ne s’assèche. C’est une stratégie cruelle. Le garder le plus longtemps ici pour qu’il en vienne à supplier qu’on le sorte. Et jamais il ne l’a fait. Jamais il ne le ferait, même en se noyant dans son urine et en étant affamé. S’il est ici, c’est parce qu’il a osé défier son père.
S’il déteste le chant des oiseaux, il les déteste eux plus que tout, car ils se réservent le droit d’utiliser leur voix sans qu’on leur en veulent. Lui, quand il parle, on l’envoie en enfer.
2024.
Le président Turkmène établit la peine de mort pour les relations homosexuelles. Il est évident que l’on régresse en tant que société, ce qui est davantage aberrant, c’est que son fils savoure sa vie en Californie tandis que les enfants de ce pays meurent de faim. Pourquoi ne fait-il rien ?
Roman est saisi quand il remarque que ses ongles s’enfoncent dans la chair, ne laissant qu’une légère traînée de sang. Un incapable qui profite de la richesse ostentatoire de son père et qui laisse les autres se débrouiller, derrière lui. C’est ainsi qu’on le voit. En petit opportuniste, appréciatif du régime de son père. Roman s’avance avec le chariot dans le couloir de l’hôpital, perdu dans ses songes. Il suffirait simplement qu’il se plaigne de ce qu’il a vécu en isolement pour que son père débarque ici, prêt à abattre sa violence sur lui. Ses lèvres sont scellées, cousues fermement. Il ne peut rien faire, rien dire. Et ça le rend dingue, ça le rend si fou qu’il pense rêver certains jours. Il se réveille en sursaut certaines nuits, à en hurler à plein poumons, avant de se déchaîner sur son appartement, imaginant alors la table en son père. Il déteste le monde entier, pourtant il serait prêt à recevoir d'innombrables punitions pour eux.
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