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Amarande de Casteel
@ Nath
Date d'inscription : 16/06/2024
amarande de casteel
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Non. Pas maintenant. On n'a pas de sous, Amarande. Non, Amarande, c'est trop cher.
Il déteste ça. Le manque, les regards peinés, ses parents. Il abhorre leur passivité, leur besoin constant que ce soit leur propre fils qui s'occupe de tout. Ce n'est qu'un enfant et pourtant, il court partout. Il les aide dans le restaurant familial, à peine âgé de 8 ans, il sert même celui qui deviendra son meilleur ami, Léonie. C'est sa bouée dans la haine, qu'il délaisse pour lui, car il décide de le couvrir de sourires et d'optimisme.
A l'école, on lui diagnostique un TDAH, mais dans le fond il le sait, ce n'est pas tant ça, c'est la fatigue. Il est surmené et peine à se focaliser sur les cours, qu'il trouve trop compliqué, le français est encore pire ; parce que son père persiste à ce qu'on lui parle uniquement en anglais. Petit français né dans le Sud, il n'a rien qui laisse croire qu'il est réellement du pays. Pour tout le monde, c'est le petit british. Il tente bien que mal de rattraper les autres, d'être le premier, mais rien à faire, tout est si difficile et c'est à 16 ans qu'il se déscolarise pour aider ses parents. Pour lui, c'est la solution, alors qu'en réalité, il rêve d'être acteur. Il sait que c'est un métier qui apporte richesse, reconnaissance et admiration, et il le désire. Non, il en a besoin, même.
"J'ai un cousin aux USA qui m'a proposé de travailler dans son épicerie, apparemment on peut avoir la green card facilement," qu'entend Amara, le coeur à ses pieds. Il va quitter Léonie. Laisser son seul ami derrière. Il va devoir l'abandonner et peut-être que ce jour-là, tout s'est brisé. Il a tenté de leur dire non. Il a crié, tapé du pied. Mais la semaine suivante, les bagages étaient faits. Celle d'après, ils trouvaient un misérable appartement. Amara écrivait à Léonie tous les jours. Il décorait ses lettres, signait toujours par un coeur.
Puis un jour, en allant à un magasin, un agent le repère. Il est beau, dit-il. La tête parfaite pour une publicité d'ado. Bien sûr, Amara n'hésite pas et accepte, sans même en parler à ses parents, à vrai dire, il aurait dû faire moins confiance, mais il s'en fiche bien. Il passe dans un magazine, attire les regards, puis un producteur lui propose une série au faible budget. Série qui, après un an, devient un fulgurant succès malgré tout. La gloire se déclare peu à peu, mais Amara en vient à arrêter ses lettres. Il ne signe plus par un coeur. Il n'envoie que quelques phrases bâclées. Il plonge dans la célébrité, jusqu'à ses dix-huit ans où on lui propose un film.On aimerait un max de réalisme, alors ce serait cool que tu te déshabilles pour la scène de sexe et que vous le fassiez vraiment, et encore, Amara a accepté. Il n'a jamais cessé d'accepter, et c'est sûrement aussi pour ça que le public l'adore : il n'a pas froid aux yeux, mais ils ne savent pas qu'une fois à la maison, il regarde son corps avec dégoût. Il est souillé, s'imagine-t-il. Il a beau se laver, il demeure sale, qu'il pense.
Aujourd'hui, il est célèbre et il ne sait plus vraiment qui il est.
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