(1) Déteste les niaiseries de couples, il est du genre à quitter une pièce au premier signe d’affection, non sans un regard imbibé de dépit et de dédain. (2) Célibataire endurci, il n’a jamais été en couple, au grand dam de ses parents qui rêvent désespérément de marier leur fils unique et de pouvoir gâter leur descendance. (3) Né à New-Delhi, son père y était gouverneur, jusqu’à ce qu’il ait envie de renouveau, changer de décor, d’un challenge. Sitôt, il installe sa famille aux États-Unis, là où il y a tout à découvrir. Toutefois, Rajiv, son patriarche, ne recommence pas à zéro, non, un poste à l’ambassade Indo-Américaine lui est proposé. Ainsi, la vie mondaine se poursuit. (4) Mani se fait rapidement des amis mais lorsqu’un drame surgit et que tous s'éloignent les uns des autres, Pimaï, sa mère, décide de l’envoyer poursuivre ses études en Angleterre, dans l’université la plus prestigieuse qui soit, Oxford. (5) Après l’obtention de son diplôme et plusieurs aller retour pour les vacances, Mani revient en ville. Celui-ci reprend sa place au domicile familial et cherche sa place dans le monde. Évidemment, ses parents ne veulent pas qu’il travaille, en tout cas, pas un métier ordinaire, comme ils disent. Exigeant, ils se vantent d’avoir une progéniture diplômée de l’université la plus sollicitée et la plus difficile d’accès, un diplôme en santé et social, qu’ils sont fiers de déclarer. Or, ce n’est qu’un mensonge, trop honteux de dire que leur enfant avait choisi les sciences & criminalistiques avec option bioanalyse, puisqu’il en était de son rêve de travailler dans la police scientifique. (6) Fascination enterrée par ses géniteurs. Mani est désormais diplomate. Qui l’aurait cru. Mani, en costume sur mesure, ajustant ses boutons de manchettes en or entre deux traités internationaux, Mani, sérieux, qui persuade presque silencieusement. Sans doute le seul diplomate qui rentre chez lui en métro, qui desserre négligemment sa cravate à peine sortit d’un consulat et s’allume une cigarette sur le balcon d’une ambassade. Sans doute le seul à commander son macchiato en costard Dior ou à liker des publications Instagram de fessiers en haute définition en pleine réunion. (7) En effet, Mani n’est pas un diplomate comme les autres, tout comme il n’est pas un être humain ordinaire. Un marginal, quand on le compare au milieu d’où il vient. Dans le fond, il est seulement lui-même et ça ne plaît pas toujours. À l’antipode d’être sociable, Mani privilégie son petit entourage et encore, il peut rester des jours, des semaines, voir des mois sans demander de nouvelles. Il n’est pas de ceux qui envoient les premiers messages, à moins d’avoir une question, il peut traîner avec quelqu’un sans dire un mot et couper court à la rencontre si on quémande de l’affection. Mani est un solitaire qui apprécie la compagnie, de temps à autre, un loup qui marche seul et qui, derrière ses vêtements hors de prix, son expression figée et son regard neutre, s’avère un faux calme. ( Mani n’est pas aimé de tous, parce que difficile d’obtenir une réelle attention de sa part, une véritable émotion et si on déguerpi de sa vie, il ne retient pas, il ne retient jamais, parfois la parole blessante, pourtant il ne s’excuse pas, parce qu’il est comme ça.