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alastor diaz-desmond

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Mer 19 Juin 2024 - 4:55

alastor diaz-desmond

23 ans / flyboarder / bisexuel / en couple

« Il n’a pas dit un mot depuis qu’il est ici. »

Les grands yeux vides, éteints, perdus dans le néant. Pas le moindre artifice, sans lueur, aucune étincelle. Il n’existait plus rien, dans le regard juvénile. L’âme n’habite plus ce corps, l’innocence a fait ses valises, tout comme le reste. Seul dans cette pièce frigide, assit sur cette chaise métallique, il ne lève pas même le regard lorsque la porte claque derrière cet homme en costume.

-Bonsoir, Alastor. Navré de t’avoir fait attendre si longtemps, est-ce que tu as faim ? Questionne-t-il, sans réponse, je sais qu’après tout ce que tu viens de traverser, tu n’as sans doute pas envie d’en parler, mais il est important que tu nous parles tu comprends ? Nous aimerions seulement savoir ce qui s’est réellement passé.

-Il ne nous dira rien, appelle le psychiatre qu’on en finisse Jim, il est quatre heure du mat et j’ai une femme qui m’attends, ça suffit maintenant, râle son coéquipier.

-S’il te plaît Alastor, tout est terminé, tu peux nous parler à présent, il n’arrivera plus rien.

-C’est bon, fini les conneries, maintenant t’informes les supérieurs que notre seul témoin est bousillé, tu termines ton putain de rapport et on l’envoie chez les fous, compris ?

-Non, attends, je crois que j’ai compris.

L’inspecteur tire la chaise, elle qui grince bruyamment sur le sol. L’iris morne s’élève sur lui, celle qui, d’une indifférence sans faille, renferme un musée d’horreur, un enfer bien réel. L’agent s’assoit et ouvre le dossier sur la table.

-Alastor Diaz… tu ne parles pas bien l’anglais c’est ça ? qu’il demande dans un espagnol parfait, il est écrit dans le dossier que tu es Argentin.

-Oui, répond l’adolescent, dans sa langue natale.

Les deux hommes s’échangent un regard. Le second s’assied à son tour, désormais, son intérêt est carnassier, curieux de connaître le cauchemar qui a peint sa silhouette à l’écarlate.

-Je suis l’inspecteur Jim Desmond et lui c’est mon collègue, Gary Mendoza, on est ravi d’enfin pouvoir te parler Alastor, sourit ledit Jim, d’un sourire rassurant.

-Ali.

-Ali ? qu’il répète, Très bien, Ali, peux-tu nous dire comment tout ça a commencé ?

L’avion. Les turbulences. Les cris. Le feu. Le sang.
La solitude. L’angoisse. La chaire.
Les hivers. La survie.
La mort.


- J’étais dans le vol 342.

-L’avion qui a disparu durant 19 mois ?

-Oui.

-Quel est le rapport avec ce qui est arrivé la nuit dernière ?

Il y a deux ans, une équipe de basket lycéenne prenait un vol privée pour participer à un tournoi scolaire. Le vol n’est jamais arrivé à destination. Deux heures après le décollage, l’engin se crashait dans l’immensité d’une forêt, des hectares entiers de forêt sauvage, sans nulle moyen de pouvoir retrouver leur trace. Après un an et demi de recherches intensives, les débris de l’avion et les derniers survivants ont été retrouvés, cependant aucun d’eux n’a jamais plus été le même. La forêt les avait changés. La forêt était en eux, pour toujours, enracinée dans l’obscurité des âmes, elle avait dérobé l’innocence et avait fait de leurs esprits, un musée d’atrocités.

-Ali ? Que s’est-il passé là-bas ?

-Les premiers jours étaient faciles, on a trouvé cette cabane et ce lac alors on se croyait sauvé, on pensait encore qu’on viendrait nous chercher, qu’on avait juste à tenir quelques jours, c’est tout.

-Mais les semaines sont passées et vous n’aviez toujours vu personne.

-Il y avait un fusil dans la cabane, le coach a proposé des ateliers de tirs et les meilleurs s’en allaient chasser, on était dix-huit survivants, il fallait qu’on mange.

-Et après ça ?

-Après ça on a survécu comme on pouvait, plus les semaines passaient, plus les cerfs se faisaient rares, la nuit, des loups encerclaient la cabane, le coach éteignait le feu de camp quand l’un d’eux lui a arraché la jambe, Cristy l’a soigné et la vie a continué.

-Qu’est-ce qui est arrivé ensuite ?

-L’hiver.

-L’hiver n’a pas été facile ?

-La neige tombait, des mètres et des mètres de neige, on avait presque rien pour se couvrir, on avait froid, Jerry  et Kenny se sont disputés alors Jerry est allé dormir dehors, on en avait assez de l’entendre se plaindre, on voulait juste qu’il arrête.

-Mais la neige continuait de tomber, pas vrai ?

-Quand on s’est réveillé, à l’aube, tout était blanc, la tempête avait frappée fort cette nuit-là et Jerry avait été enseveli, il était mort de froid, il était si froid que lorsque Kenny l’a secoué pour le réveiller, son corps s’est fendu en deux.

-Ça a dû être très dur, vous n’avez pas pu l’enterrer, j’imagine.

-Le sol était couvert de plusieurs mètres de neige, nos pieds s’enfonçaient dedans, alors on a décidé de l’incinérer comme on pouvait.

-Comment ?

-On a conçu un bûcher et on y a mis le feu.

-Tu avais peur, n’est-ce pas ?

-Non, j’avais pas peur.

-Ah oui ?

-J’avais faim, on avait tous faim, ça faisait des semaines qu’on avait pas mangé et Jerry sentait bon.

-Qu’est-ce que tu essaies de dire ?

Mais Jim sait déjà. Il sait pertinemment ce que va répondre le garçon, tout comme Gary qui le contemple avec horreur lorsque l’adolescent conte le récit macabre sans même sourciller.

-On l’a mangé.

-Oh nom de Dieu, peste Gary.

-Et après ? la neige s’est arrêtée ?

-Non, là-bas, l’hiver dure toujours, il ne s’arrête que lorsque la forêt est rassasiée.

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

-Qu’elle nous entendait, qu’elle nous poussait à faire n’importe quoi, qu’elle est responsable, la forêt se nourrit de nous, elle en a jamais assez.

-Alors qu’est-ce que vous avez fait ?

-On tirait au sort.

-Pourquoi ?

-Pour savoir lequel serait le prochain.

-Le prochain ?

-Le prochain à être mangé.

-Tu peux m’expliquer ?

-On tirait tous une carte à tour de rôle et celui qui tirait le roi de cœur était la cible.

-La cible ?

-On le chassait à travers la forêt, comme on chassait le cerf.

-C’est comme ça que les autres sont morts ?

-La plupart, oui.

-J’imagine que tu n’as jamais été tiré au sort, si tu es là aujourd’hui.

-Si.

-Alors comment tu t’en es sorti ?

-La forêt m’a sauvée.

-Raconte moi.

-J’avais tiré le roi de cœur, ils s’étaient tous armés de couteaux pour me saigner, j’avais le choix entre me soumettre ou choisir d’être chassé alors j’ai fuis, j’avais pas envie de leur rendre la tâche facile.

-Ça peut se comprendre.

-J’ai couru à travers la neige mais il faisait froid, c’était difficile de courir, j’étais fatigué et j’avais plus de souffle mais Louis m’a trouvé, il m’a dit qu’il connaissait un endroit où je pourrais me planquer.

-C’était vrai ?

-Oui, Louis ne mentait jamais.

-Qui était Louis pour toi ?

-Mon meilleur ami, vous savez, avant que cet avion se crash, nous étions une équipe, on était tous proches.

-Mais Louis ne t’a pas tourné le dos, malgré tout.

-Oui.

-Alors qu’est-il arrivé ?

-Pour rejoindre la cachette, on a dû traverser la glace, mais elle s’est brisée sous ses pieds et Louis est tombé dans l’eau gelée.

-Il s’est noyé ? qu’il demande, sans réponse, Ali ?

-Je l’ai aidé, mais il était mouillé, j’avais froid aux mains, j’ai vraiment essayé.

-Ce n’est pas ta faute.

-Si.

-Pourquoi ?

-Parce que les autres sont arrivés et qu’ils ont dit que la forêt l’avait choisie lui, que c’était à Louis d’être mangé, que j’étais sauvé si je le laissais se noyer.

-Putain de petit enfoiré de merde ! gronde soudain Gary en tapant du poing sur la table, t’es qu’un lâche, ce gosse avait des parents nom de Dieu !

-Inspecteur Mendoza, veuillez sortir s’il vous plaît, son homologue quitte la pièce en grommelant, bien, nous pouvons continuer.

-Il n’y a rien de plus à dire, nous avons mangé Louis comme nous avons mangé les autres, jusqu’à ce que quelqu’un nous trouve.

-Vous étiez combien quand ils vous ont trouvés ?

-Six.

-Six survivants sur dix-huit.

-Quatre, en fait.

-Quatre ?

-Deux d’entre nous se sont suicidés.

-Pour quelles raisons ?

-Il est difficile de vivre dans un monde dans lequel vous savez quel goût avaient vos amis.

-Je vois, on va faire une pause, soupire Jim, je reviens.

La porte claque. L’inspecteur quitte la pièce. Il sait pourquoi il s’en va, pourquoi il a besoin d’une pause, il sait qu’il s'éclipse pour régurgiter, littéralement, tout ce qu’il vient de confesser. Jim ne s’en va pas pour le laisser souffler lui, mais parce qu’il a du mal à encaisser. Il n’aurait pas survécu dans la forêt, avec eux, qu’il songe quand il revient plus tard. Celui-ci dépose une bouteille d’eau devant lui tandis qu’il se rassoit, l’air de rien.

-Bien, reprenons, siffle Jim, attentif, Ce qui est arrivé avec le vol 342 a un lien avec ce qui est arrivé la nuit dernière ?

-Oui.

-Je t’écoute.

-Julian, l’un des survivants, avaient passé son temps à écrire tout ce qui nous arrivait là-bas, quand on a quitté la forêt il a tout emporté avec lui, quelques mois après notre retour, Julian s’est suicidé et Jules, son frère a trouvé les carnets, Jules et Henri, le grand frère de Louis étaient amis depuis toujours alors il les lui a fait lire, c’est comme ça qu’ils ont su ce qu’on avait fait.

-Ils ont décidé de se venger ?

-Henri voulait venger la mort de son frère et Jules l’a aidé, les autres survivants ont tous été internés, sauf moi, alors j’étais le seul sur qui ils pouvaient se défouler j’imagine.

-Maintenant, raconte moi ce qui s’est passé la nuit dernière, tu veux bien ?

Les cris. Le sang. Puis le silence.

-Ali ?

-Ils étaient six.

-J’ai tout mon temps, vas-y à ton rythme.

-Ils sont rentrés de force alors qu’on dormait, ils étaient masqués, ils ont d’abord prit d’assaut la chambre de mes parents pour qu’on se soumette sans opposition.

-Et ensuite, qu’est-il arrivé ?

-Ils nous ont regroupés dans le salon, mes parents, ma petite sœur et mon petit frère, ils nous ont obligés à nous mettre à genoux et ils se sont amusés.

-C'est-à-dire ?

-Torture.

-Je sais que c’est difficile, mais j’ai besoin de tout savoir tu comprends ? Sinon ils penseront que tu es coupable.

-J’ai rien fais.

-Je le sais, je te crois, mais tu dois me parler, d’accord ?

-Ils arrêtaient pas de rire, je crois que certains étaient défoncés, ou peut-être ivres, je sais plus vraiment.

-Pourquoi ils riaient ?

-Parce que mon petit frère pleurait, ils imitaient ma mère qui criait et mon père qui suppliait qu’on nous laisse tranquille.

-Mais ils ne vous ont pas fichu la paix.

-Non.

-Qu’ont-ils fait ?

-D’abord ils ont tout cassé, ils voulaient qu’on croit à un cambriolage qui aurait mal tourné.

-Mais ils ne se sont pas arrêtés là.

-Ils ont déshabillés ma mère, puis mon père et ils ont dit qu’il était l’heure du cours d’éducation sexuelle, alors ils ont pointé une arme sur nos têtes et ils ont juré de nous tuer s’ils…

-S’ils ?

-S’ils nous montrait pas comment concevoir des bébés.

-Je vois.

-Mon père arrivait pas à… il pouvait pas alors Jules a dit qu’il allait lui montrer comment faisait un vrai mec.

-Il l’a fait ?

-Il a violé ma mère, oui.

-Ça ne leur suffisait pas ?

-Non, ils en voulaient plus, toujours plus alors ils ont arraché les vêtements d’Astrid.

-Astrid ?

-Ma petite sœur.

-Quel âge a-t-elle ?

-Quinze ans.

-Vous avez qu’un an d’écart alors ?
-Oui.

-Que s’est-il passé ensuite ?

-Rien.

-Ali, je veux seulement t’aider, s’il te plaît, personne ne te juge ici, il n’y a que toi et moi dans cette pièce, tu peux tout me dire, d’accord ?

-Jules a dit qu’il m’avait montré comment faire et que c’était à mon tour maintenant.

-Tu parles de-

-Oui.

-On peut faire une pause si tu le souhaites.

-Je veux juste en finir.

-Bien, vas-y, je t’écoute.

-J’ai refusé, je voulais pas, je pouvais pas faire ça alors ils ont poignardé mon père, encore et encore et ils ont juré de faire pareil à ma mère si je faisais pas ce qu’ils demandaient, Astrid pleurait fort, ma mère hurlait mais j’avais pas envie de faire ça, je voulais pas.

-Ali ?

-Astrid m’a supplié de le faire, elle arrêtait pas de supplier pour que je le fasse, pour qu’enfin ça s’arrête, Jules a dit qu’une fille qui supplie comme ça c’est une vraie petite salope et que j’avais de la chance, après ça ils l’ont frappé au visage, j’ai supplié, moi aussi, parce que je voulais vraiment pas faire ça.

-Qu’est-ce que tu as fait ?

-Ils m’ont obligé à me lever et ils ont dit à Astrid de me motiver, qu’il fallait qu’elle fasse des efforts pour que j’ai envie de la baiser, ils ont mit l’arme sur la tête de ma mère et c’est là que Henri a dit que si elle y mettait pas du sien, ils la tuerait.

-C’est ce qu’ils ont fait, ils l’ont tué ?

-Non, d’abord, ils ont obligé ma mère et mon frère à regarder.

-À regarder ?

-À regarder Astrid me faire une fellation, je voulais pas, mais je- j’avais pas envie, j’ai vraiment essayé.

-Ce n’est pas ta faute Ali, ce n’est pas toi qui contrôle ton corps dans ce genre de situation, tu n’es plus maître de rien.

-Quand ils ont vu que je- ils ont ri, ils arrêtaient pas de dire que j’étais un détraqué et ils m’ont obligé.

-Ils t’ont obligés à quoi ?

-À violer Astrid.

-Tu veux qu’on continue plus tard ?

-J’ai dit que je voulais en finir rapidement.

-Bien, continuons.

-Après ça, ils ont dit que j’étais stupide de croire que ça nous sauverait, ils ont mit l’arme dans la bouche de ma mère et ils ont tirés, j’ai essayé, j’ai essayé mais ça ne l’a pas sauvé.

-Tu as fais ce que tu avais à faire pour sauver ta famille mais ces garçons auraient été jusqu’au bout quoi qu’il arrive, ça n’est pas ta faute Ali, tu as fais au mieux.

-Mais c’était pas assez.

-Si, ça l’était, ta sœur est en vie.

-Génial, vraiment génial, vous croyez qu’on restera une famille après ce soir ? après avoir été violée par son propre frère vous croyez encore qu’il existe de l’espoir ? dans quel monde vous vivez, inspecteur ?

-Tu as besoin d’une pause.

-J’ai besoin que ça se finisse.

-Très bien Ali, d’accord, comme tu voudras, dans ce cas, je t’écoute.

-Ils ont agenouillés Astrid et Azaïs devant moi.

-Azaïs est ton frère ?

-Oui.

-Quel âge avait-il ?

-Quatorze.

-Et que s’est-il passé ensuite ?

-Ils ont mit l’arme dans mes mains et ils en ont mit une autre sur ma mère, ils m’ont dit de ne pas faire de bêtises, auquel cas, ils nous tueraient tous, après ça ils m’ont dit que puisque dans cette forêt on avait décidé de qui devait vivre ou mourir, je devais prendre une décision.

-Une décision ?

-Je devais choisir qui de mon frère ou ma soeur mourrait, ils ont dit que si je choisissais pas, ils les tueraient tous les deux, Jules a dit que ça serait à moi d’appuyer sur la détente.
-Tu l’as fais ?

-J’avais pas le choix, je voulais pas, Astrid me hurlait de la tuer elle et Azaïs me criait dessus, il disait que si je le tuais pas lui, il m’en voudrait, qu’il pourrait jamais me le pardonner que de toute façon, il me parlerait plus pour le restant de ses jours, il criait qu’il était prêt, que je devais le faire.

-Et tu l’as fait.

-J’ai appuyé sur la gâchette, je l’ai tué et avant que sa tête frappe le sol, il a souri.

-Après ça, c’était fini ?

-Pas tout à fait, non.

-Que s’est-il passé d’autre ? nous n’avons pas retrouvé le corps d’Azaïs, du moins, pas entièrement.

-Je sais, oui.

-Alors quoi, qu’en ont-ils fait ?

-Ils l’ont découpé.

-Pour quelle raison ?

-Pour le cuire.

-Ils ont-

-Oui, lieutenant, ils m’ont forcé à manger mon frère.

-Nous avons retrouvé cinq corps non identifiés en plus de tes parents et de ton frère, qu’est-ce qui s’est passé ?

-Astrid m’a dit quelque chose.

-Qu’est-ce qu’elle a dit ?

-Tue les tous.

-C’est ce que tu as fait ? Pourquoi ne t’es-tu pas défendu plus tôt ?

-Ils détenaient ma famille et je devais encore protéger Astrid, mais quand elle m’a dit ça j’ai compris, j’ai compris qu’elle non plus, n’avait plus peur de mourir alors j’ai fais ce que j’avais à faire.

-Ils étaient six, comment as-tu fait ?

-J’ai laissé parler la forêt.

-C’est-à-dire ?

-Je leur ai fait peur.

-Comment ?

-J’ai sauté sur l’un et je lui ai dévoré le visage, deux ont fui, dont Henri, deux autres ont essayés de m’arrêter alors j’ai arraché les doigts de l’un et je les ai enfoncé dans la gorge de l’autre qui s’est étouffé avec, il en restait plus que deux alors j’ai donné un coup dans les rotules de l’un pour l’agenouiller et je lui ai brisé la nuque.

-Et Jules, qu’en est-il, qu’est-ce que tu lui as fait ?

-Je lui ai ouvert l’abdomen.

-Il est mort sur le coup ?

-Non, un être humain peut vivre plusieurs longues minutes après l’ouverture du thorax.

-Tu en sais beaucoup sur l’anatomie humaine, j’ai entendu dire que ton père était un pasteur très réputé mais ta mère, elle était médecin ?

-Non, elle était astrophysicienne, mais j’étudiais la biologie humaine au lycée.

-Je vois… alors qu’est-ce que tu as fait ?

-Je lui ai brisé les côtes une par une, je voulais qu’il souffre alors après ça j’ai pris du sel et je l’ai versé sur ses organes.

-Il est mort comme ça ?

-Non, il avait visiblement du mal à mourir, alors je l’ai aidé un peu.

-Comment ?

-Je lui ai arraché le cœur.

-Avec quel outil ?

-Mes mains.

-Eh bien.. je crois que nous avons terminé, je n’aurai plus qu’à te faire signer ton témoignage et ça sera fini.

-Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

-Ta sœur est à l'hôpital pour l’instant mais dès sa sortie, elle sera prise en charge par les services sociaux, ils lui trouveront une famille agréable et tu pourras la rejoindre plus tard.

-Non.

-Non ?

-Je ne veux pas être placé avec elle, je veux aller ailleurs.

-Pourquoi ?

-Parce que.

-Tu sais, elle n’a pas été la seule à avoir été abusée ce soir, tu y as été forcé aussi Ali, mais je peux comprendre, dans tous les cas, tu as le temps d’y réfléchir.

-Attendez, vous avez dit plus tard, pourquoi ? où est-ce que je vais ?

-Je suis désolé Ali, je n’ai rien pu faire.

Quand les mots fendent l’air, la porte s’ouvre sur Gary, accompagné d’une poignée d’hommes en uniforme blanc. Les oreilles bourdonnent, il entend seulement Jim s’excuser à nouveau et la voix de son homologue qui dit au service psychiatrique de l’emmener.

-Vous pouvez pas faire ça, Jim ! Vous avez pas le droit, je vous ai tout raconté ! Laissez-moi, me touchez pas !

Les cris de l’adolescent bousculent la pièce tandis qu’il se débat. Un infirmier l’assomme à coup de sédatif et très vite, c’est le néant qui l’emporte.

Maintenant il est seul, seul contre tous.

,,


Parfum d’antiseptique, murs blancs, combinaisons ternes, regards mornes, le silence total. Le vide sidéral. Envoyé en psychiatrie, jeté dans une cage insipide et aseptisée, sans lacets, sans musique, un endroit où les fourchettes sont proscrites et où les seules couleurs demeurent apportées par les pilules quotidiennes. Un endroit dont il ne sort pas, jamais. Un endroit où respirer trop fort attire l'œil, où l’ennui est colossal et rêver est interdit. Cloîtré entre quatre murs, les seuls instants qui lui sont accordés en dehors de sa cloison, sont réservés aux thérapies. Groupe de parole où il reste muet, psychothérapeute qu’il brûle d’envie de frapper et pire que tout, oui, pire que tout ; l'électroconvulsivothérapie.

C’est tout son corps qui souffre, à l’intérieur ça secoue, ses mains tremblent sans arrêt. Incapables de s’arrêter. Les premières semaines, l'électroconvulsivothérapie le cloue au lit, le cerveau éteint, il ne bouge plus, ne parle plus, ne mange plus, Ali devient légume. C’est les nerfs qui s’habituent, maintenant presque morts, ils se laissent attaquer, torturer par ces machines qui n’ont aucun effet. Alors quand enfin, il a le droit à de la visite, quand enfin, Jim vient le voir, il le supplie, il le supplie de le faire sortir de cet endroit avant qu’ils ne crament entièrement les derniers lambeaux de cerveau qu’il lui reste.

Scandalisé par les méthodes, Jim le sort de l’institut. Sitôt, il dépose une demande auprès du procureur afin de pouvoir recueillir cet enfant de dix-huit ans qui vient de passer deux ans enfermé dans le cauchemar d’une clinique. La requête est acceptée. Ali s’en va vivre avec Jim et après quelques temps à s’apprivoiser, il choisit même de prendre son nom. Bien qu’un choix du cœur, il est aussi un choix stratégique. Le vol 342 a énormément fait parler de lui, aujourd’hui encore - tous les ans, l’anniversaire du crash est célébré en la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans cette forêt et lui, n’a pas envie de continuer de vivre en victime, non, il veut qu’on l’oublie, comme s’il n’avait jamais existé.

Dix-huit ans, c’est aussi l’âge où il est possible d’avoir un profil, de se faire des points, des amis, si l’envie nous dit. Alors il essaie, au début, il essaie d’être quelqu’un, mais rien ne fonctionne comme il le voudrait. Ali est toujours trop, ou pas assez. Les conventions sociales le lassent, les gens aussi, la solitude elle, il l’apprécie. Alors Ali s’isole, bien qu’une poignée de potes, il préfère sa propre compagnie, nulle besoin de parler, de traîner. C’est à l’âge de dix-neuf ans qu’il rencontre sa meilleure amie, Lady, qu’il nomme, qui n’est autre que : sa moto, avec laquelle, enfin, il envisage un début d’avenir.


,, Il portait des culottes, des bottes de moto
Un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos
Sa moto qui partait comme un boulet de canon
Semait la terreur dans toute la région.

,, sur le biceps il avait un tatouage avec un coeur bleu sur la peau blême
Et juste à l'intérieur, on lisait "Maman je t'aime"
Il avait une petite amie du nom de Marie-Lou
On la prenait en pitié, une enfant de son âge
Car tout le monde savait bien qu'il aimait entre tout
Sa chienne de moto bien davantage.

caractère ,, Ali a du mal à rester en place, tout comme il a du mal à s’attacher aussi, même au plus infime détail, tel un boulot.  Il n’est ni très bavard, ni muet, il dit ce qu’il a à dire, ni plus ni moins, il se contente du minimum. “T’es le mec le plus compliqué que j’ai rencontré dans ma vie” est une phrase récurrente, sans doute celle qu’il a entendue le plus souvent, celle qui revient toujours lorsqu’on parle de lui, sans doute parce qu’il ne sait jamais ce qu’il veut, parce qu’il disparaît sans prévenir et revient comme une fleur, parce qu’il peut envoyer quelqu’un se faire voir sans aucune raison, parce qu’il peut se pointer en pleine nuit chez quelqu’un à qui il ne parlerait plus juste fumer une cigarette dans le jardin, avant de s’en aller sans voir rien dit, sans doute aussi parce qu’il n’exprime jamais ce qu’il ressent, parce qu’il méprise ceux qui essaient de comprendre, ceux qui croient savoir, parce qu’un seul mot suffit à ce qu’il tire un trait définitif sur un relation, parce qu’un parfum peut lui faire tourner les talons, parce qu’il peut laisser des remis de trois jours au beau milieu d’une dispute ou d’une conversation profonde, c’est comme ça qu’est Ali, il fait ce qu’il veut, quand il veut, on le prend comme il est ou alors il devient fantôme à jamais. Difficile à comprendre, impossible à cerner, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser, tout ce qu’on sait, quand on fait partie de son entourage, c’est qu’Ali est éphémère, qu’il peut très bien choisir, du jour au lendemain, de ne plus vous adresser la parole, sans raison, juste parce qu’il l’a décidé, aussi, parce qu’il ne reste jamais pour toujours dans la vie des gens, “je suis juste de passage” prévention première lorsqu’il rencontre quelqu’un, parce que c’est ce qu’il est, une tâche d’encre sur le papier, une tâche qui s’en va avec le temps.

faits ,, de 6 à 16 ans, Ali a pratiqué la danse en extrascolaire, danse urbaine, principalement, il a remporté de nombreux prix avec son groupe, dont Imani faisait partie, mais lorsque le frère de ce dernier est décédé, la troupe s’est dissipée et Ali a cessé pour se concentrer sur le basket ,, Il travaille comme flyboarder dans le parc d’attraction aquatique, Ali a un franc succès auprès des demoiselles qui réclament toutes un tour avec lui ,, si au boulot il porte un masque pour masquer son visage, le soir venu, c’est son casque qui ne quitte pas sa tête, Ali a même un compte tiktok où il est fier de présenter ses motos et il faut dire que cette page plaît beaucoup, par ailleurs, il est rare de le croiser sans un  masque chirurgical, il n’aime pas réellement montrer son visage aux inconnus, seul son entourage proche détient cette opportunité ,, bien qu’il soit énormément sollicité, les relations n’intéressent pas Ali, lui qui a déjà du mal à garder des amis, ne voit pas l’intérêt de s’ajouter des difficultés supplémentaires ,, Il n’a pas revu Astrid depuis ce soir là et ne compte jamais la revoir ,, Ali recherche toujours secrètement Henri, pour finir ce qu’il avait commencé quand il avait 16 ans ,, Il réside un loft, seul, aux abords de la forêt ,, contrairement à la plupart des résidents de ce monde, il n’en a pas grand chose à faire des points ,, Ali est l’heureux maître d’un petit chat qui se prénomme pocket, nom survenu lorsque le vétérinaire lui a annoncé que sa petite bête s’avérait malade des os et par conséquent, ne grandirait pas ,, à présent, il parle correctement l’anglais, mais son accent hispanique très prononcé rend parfois la compréhension de ses mots difficiles.
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