BOBBY MATA
23 ans
Première année en Master de Cinéma (UCLA)
Bisexuel discret
Célibataire, amoureux de l’amour, phobique en apparence

PERSONALITY
Autrefois, un garçon plein de vie et agréable, la représentation même du naïf qui se fait avoir, encore et encore. Ce même gamin qui, après un cœur brisé, rit et hausse les épaules ; parce que ça ira, se dit-il. Il s’est toujours dit ça. Tout ira bien. Un mantra qui l’a longtemps suivi, une phrase emplie de sens devenue désormais une décoration qu’il ne regarde plus.
Aujourd’hui, il grommelle, frappe, empoigne. Bobby tente bien que mal de repousser autrui, de se cacher dans une forteresse de béton, mais il s’avère qu’elle est fragile. Il en rêve, de ce moment où enfin il pourra s’accepter, lui et son âme disloquée, lui et son corps dans lequel il ne supporte plus. S’il est froid, cela dit, il est encore serviable, malgré lui. Il ne peut s’en empêcher. Tendre la main, écouter, essuyer les larmes. Sauver. Il ressent ce besoin d’aider les plus démunis du sort cruel des bourreaux. Envers eux, il a une haine sans faille, qui l’a incité à prendre un chemin radical ; il est le messager, celui qui envoie les tueurs massacrer ces viles personnes. Pour lui, c’est l’unique solution. La mauvaise herbe s’arrache, comme il le dit.

***

Bobby le piggy ! Bobby le fatty ! D’un geste rageur, il saisit le post-it pour le chiffonner avant de le jeter dans la poubelle. Ils le détestent tous ici. Parce qu’il n’a pas l’apparence typique, parce qu’il bégaie quand il parle. Bobby tente bien que mal de s’intégrer, alors il accepte de porter le sac des autres, de terminer les devoirs de ses camarades, il ne refuse jamais une tape violente sur l’épaule, ni les remarques désobligeantes sur son poids. Il encaisse, car il est persuadé que c’est la solution pour être accepté. Il sait que pourtant, ils le détestent. Alors pourquoi persister s’il est au courant ? Il ne sait pas. Il espère, sûrement. Il espère chaque nuit avant d’aller dormir, chaque matin devant le portail de l’école. Il demande aux Dieux que le jour prochain, on ne cherchera pas à l’humilier devant tout le monde. Il subit en silence, par crainte que les répercussions soient encore plus terribles et il laisse croire à son entourage qu’il est heureux. J’ai des amis ! Mais jamais ils n’ont traîné chez lui. Parce qu’en réalité, il n’en a aucun.
C’est le professeur qui annonce l’harcèlement, durant une réunion parents élèves. Bobby, ce soir-là, avait juste envie de fondre dans sa chaise, rougi de honte et de gêne. Les propos sont brefs, l’enseignant omet les détails plus violents et à ce jour, personne ne sait vraiment ce qu’il a subi dans les couloirs de l’école.
Anna prend pitié de lui les semaines suivantes. Elle s’assit à côté de lui à la cour de récréation, tente de lui parler, mais il se recroqueville. Tous les jours, elle essaie, jusqu’à ce qu’enfin, Bobby sorte de la bulle dans laquelle il s’était réfugié. Quelques mots devenus de longues conversations, il réalise qu’il l’aime. Il veut sortir avec Anna, cela dit, la confiance en lui-même étant inexistante, il décide de fouiller internet pour « être mieux ». C’est ainsi qu’il imagine les choses, dans sa tête. Il s’enfonce davantage dans l’insécurité sans le réaliser, s’imagine qu’une apparence parfaite est synonyme de joie. Il ne comprend pas qu’il est loin du compte, lui, l’enfant enseveli sous ses maux. Lui qui rêve qu’Anna l’aime. Alors il change.
Il maigrit, devient strict avec ses régimes au point de développer des troubles alimentaires, qu’il pense « normaux ». Il atteint son poids idéal et ressent un soulagement intense… mais éphémère. Aussitôt, il saisit que ce n’est pas assez donc il devient avare. Toujours plus strict, plus de muscles. De tatouages, une fois au lycée aussi. Il se rebelle un peu, repousse ses harceleurs, en cogne un et… effraie Anna. T’es pas celui que j’ai connu. Son monde se brise, la réalisation est brutale. Il a changé, certes, mais son âme a changé aussi. Et ça, Anna ne l’aime plus.
Il l’oublie quelques mois plus tard quand il crush sur un garçon, réalisant sa sexualité. Il est bisexuel. Mais hors de question d’en parler ! Il fantasme en secret, tente quelques petites dragues et ils finissent par s’embrasser. Puis Bobby se lasse, c’est le début du cœur brisé qui devient roche.
L’été arrive et la pierre autour du myocarde se fissure pour Mergui. Lui et sa chevelure soyeuse. Son sourire qui illumine des mondes entiers. Son rire mélodieux. Sa personnalité hors du commun. Son touché agréable. Ses lèvres si douces et pulpeuses, il en rêve jour et nuit de pouvoir les embrasser à nouveau. Les au revoir furent pénibles et si Bobby pensait l’oublier comme ses anciens crush, il comprend alors que non. Car Mergui le prince, il n’a jamais pu l’oublier. Il y pense souvent, un peu trop qu’il en est frustré. Mergui Mergui Mergui Mergui.
Il veut Mergui. Il veut le revoir.
Non. C’est un prince.
Il éteint les songes, désormais dormants et fait sa vie, allant même jusqu’à rejoindre son frère adoré à Los Angeles, incapable de rester loin.